J’avais une (petite) voie d’eau sur mon bateau qui se manifestait uniquement en navigation. Ca provenait de l’arrière et je suspectais le puits de moteur, quand l’eau remontait dedans et y bouillonnait, j’avais en fin de journée de l’eau dans les fonds.

Bien que petite, cette voie d’eau me chagrinait un peu, et j’ai sorti mon bateau au sec il y a un an avec quelques projets dont celui de m’en occuper. Comme précisé avant, cette voie d’eau n’apparaissait qu’en nav. Au mouillage, une fois les fonds secs, je pouvais laisser le bateau plusieurs semaines, à mon retour, pas la moindre trace d’humidité.

Le puits de moteur était littéralement peint au sika, il y en avait partout… il y a toujours un moment où on maudit les anciens propriétaires, pour moi c’était là… quel plaisir de chercher à poncer ça ! Quant à utiliser le racloir, il y a tellement d’angles et tellement pas de place pour travailler dans le puits que ce fut un long moment propice à l’envoi de quelques noms d’oiseaux !

Deux choses ont conforté l’hypothèse du puits de moteur comme source de la voie d’eau : en retirant l’épais joint de sika, une petite coulure d’eau est apparue alors que le bateau était au sec depuis 3 semaines et que le temps avait été sec, puis en ponçant plus franchement pour revenir à la fibre, il m’est apparu que soit le puits avait été repris soit il y avait eu une erreur de montage au chantier. La fibre qui était sous le gelcoat n’était pas lisse, ce n’était certainement pas du mat, mais ressemblait plus à la fibre tissée qu’on retrouve dans le fond des coffres. Une passoire.

Et puis, ce puits de moteur était très différent de celui de mon premier Edel 4 plus ancien de 3 ans (j’en parlais ici sur le forum). Le fait d’avoir ainsi deux parties l’une emboîtée dans l’autre ne me plaisait pas du tout, je préférais de loin la conception mono-bloc du puits de mon premier bateau.

Puits de moteur de mon premier Edel 4

J’ai donc décidé de re-stratifier le puits pour ajouter de l’épaisseur sur cette fibre pleine de trous, et rendre solidaires les deux parties. Ce faisant, plus besoin de sika, et vu l’épaisseur de fibre ajoutée, quand le moteur a le cran de bloquage qui se libère et qu’il va taper au fond du puits, je serai plus rassuré de ne pas risquer de le fissurer.

Ca commence par un ponçage au plus près possible de la fibre…

Puis alterner les journées où on pose de la fibre (au moins 3 couches de mat et une de roving), celles où on ponce le travail de la semaine passée, celles où on surcouche de mastic pour égaliser la surface, celles où on ponce le mastic… Je n’ai pas tenu les comptes, mais il y a eu trois cycles du genre.

La difficulté est liée à la forme et l’exiguïté du puits de moteur. Les angles sont un enfer pour éviter les bulles, et aucun outil ne rentre dans le puits sans aller taper sur la paroi voisine (le rouleau débulleur, la ponceuse, même les pinceaux)… Et puis, on est accroupi, le pinceau dans une main, le godet de résine dans l’autre, une épaule sur la paroi du coffre pour tenir en place… Comme vous pouvez le voir sur les photos ci dessus, j’ai tenté plusieurs approches pour avoir sous la main le prochain tissus à poser, le mieux était de scotcher les pièces juste à côté (avec un scotch pas trop fort, sinon ça tire les fibres).

Au début je me suis donnée un « plan » du puits de moteur que j’ai obtenu en collant des tas de morceaux de scotch de masquage les uns sur les autres pour tapisser tout le puits. Un coup de cutter au milieu d’une face, et on obtient une vue aplanie de la forme 3D, très utile pour découper sa fibre à l’avance.

Ce qui m’a néanmoins amené à faire l’erreur pour les premières couches de découper des bandes de fibres faisant le tour complet du puits. Ça ne marche pas du tout, le tissus est trop lourd, peine à tenir en place, une fois qu’on a une face de collée, qu’on passe à celle adjacente, ça tire dessus, ça décolle ce qui était collé, ça fait des bulles… Impossible ! Il faut découper son tissus pour avoir minimum 4 morceaux pour les faces, et 4 pour les angles. Et pour combler le trou sous la lèvre de la partie supérieure et recréer une pente qui s’affine vers le bas du puits, ce qui marche le mieux, ce sont des tas de rectangles de grosso modo 4 x 20 qu’on colle « à l’œil » où ça manque.

Pour finir il y a eu 4 couches de gelcoat, la première sert à remplacer le mastic, j’ai poncé à plat pour revenir où ça le devait revenir à la fibre. Les couches suivantes ont été posées avec un léger ponçage entre chacune, cette fois ci pour obtenir une surface aussi lisse que possible.


Et au final, ça donne ça (avec le traditionnel moucheron qui se colle au gelcoat frais)

Au final, une fois que le bateau aura été repeint (c’est le sujet de ma nouvelle saison de travaux), ce travail sera totalement invisible (au toucher, ça l’est). Mais j’aurai une réponse au printemps concernant la voie d’eau… dans tous les cas, je ne regrette pas d’avoir fait ce travail, ce puits ne me plaisait pas beaucoup en l’état.

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À propos de Alain Diart

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