J’ai fais un rêve, je suis seule voguant sur les eaux bleues de ma méditerranée, avec pour compagnons, quelques dauphins qui tracent le chemin devant l’étrave de mon voilier. Colomb, Cartier, Duguay-trouin, Tabarly et vous tous les grands navigateurs… Laissez moi aborder vos rivages enchanteurs, laissez moi suivre les voies royales de votre marine, la seule la vraie, celle des grandes voiles, des génois, des focs, qui claquent aux vents des spinnakers qui gonflent pour mieux couper les vagues et tant d’autres noms qui chantent à mes oreilles.

Des AMIS, des vrais, m’ont dit : « le rêve c’est bien, la réalité c’est mieux vas y fonces, tu le peux, tu le dois ! » : J’ai écouté et mes amis et mes rêves et ce rêve a commencé à prendre forme, quand un copain me dit « j’ai un bateau, mais le bateau c’est pas mon truc ! Il y a tout à refaire, et je n’y connais rien à la voile… Si tu le veux je te fais ce cadeau !»


Un bateau ?
Un bateau en cadeau?
Je ne pouvais y croire…


Une demi-tonne c’est le poids de mon rêve et pour parvenir jusque devant mes yeux c’est juché sur un monstre roulant de trente cinq tonnes qu’il est arrivé : Venu des brumes du Nord, de tout là haut, il a vu défiler sous son étrave le macadam de Calais à mon Sud, drôle d’itinéraire pour un fier voilier, pourtant il semblait vivre, les rayons d’un soleil radieu rallumaient déjà des reflets sur sa coque cachée depuis des lustres sous une triste bâche dans une, non moins triste remise. Je vivais mon rêve et lui allais revivre.

Le temps c’est de l’argent, non la maxime est fausse, le temps est devenu pour moi passion, passion de le voir se balancer doucement sur les vagues de sa nouvelle complice, ma Méditerranée. Sûr nous allions faire un beau trio, mais avant, l’heure n’était pas au repos, un lourd labeur nous m’attendait, laver, rincer, réviser, réparer, poncer, peindre, équiper, habiller mon nouvel ami, d’un habit de lumière, pour qu’il brille de mille feux avant de lui présenter sa complice naturelle, la mer.

Avant la grande toilette, il me fallut entreprendre un grand effeuillage, pas de musiques lascives, non juste le bruit des tournevis, des clefs à pipes, à œil, des pinces, quelques heures dans la chaleur de la cabine, il était nu devant moi, racé, à peine vieillie par les années, tout en courbes et en muscles. Bien sûr, il avait subit pendant quelques années les vagues de l’atlantique, puis la froidure des eaux de la manche, peut-être même les eaux plates de quelques plans d’eau dans les terres, nu, devant moi je le sentais déjà frémissant de connaître la douceur, peut-être même parfois les colères, des eaux bleues de ma méditerranée.

J’étais en sueur, mais fébrile, comme devant le corps dénudé d’un amant que l’on découvre avant de s’unir pour le meilleur et même pour le pire, la jouissance des prémices, je voyais les images comme des flashs. Moi debout sur le pont, et lui, mile après mile, fendant les flots, quelques mois, quelques semaines ou quelques heures, réalités si proches, encore un peu de rêves et puis et puis…

La pose des hublots

Et puis il reprenait vie, je lui rendais ses hublots, ses boiseries poncées, teintées, brillantes d’un verni éclatant, modifiées même ou mieux encore créées non pas sans respecter, les valeurs naturelles de sa flottabilité, pas question de faire n’importe quoi pour modifier son équilibre parfait, son intérieur prenait forme, un coffre de plus, un coin minuscule avec son évier, eh ! Oui, même à bord, l’hygiène est de rigueur, un coin cuisine pour le café de bienvenue ou pour préparer un encas lorsque la fatigue nécessite un peu de calories, une vache à eau par-ci, et peut être une seconde pour les eaux usées par-là, en mer pas de pollution, pas plus qu’ailleurs d’ailleurs. Mais aurais-je assez de place ?

Ouverture des cercueils et fabrication de coffres

Quelques coussins, pour le confort, pour le sommeil réparateur, des jeux de housses dans les couleurs, du bleu du blanc pour la douceur, une peinture immaculée, de beaux hublots en verre teinté, des heures et des heures de durs efforts pour être enfin récompensée en contemplant son intérieur.
Le voir ainsi, quel réconfort, vous ne pouvez, tout comme moi, que l’adopter.

Fermons doucement l’écoutille pour qu’il puisse bien s’y habituer, il faut continuer le labeur je vous assure, il reste encore tant à faire…

Retrouvez la suite de mon récit dans la deuxième partie.

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À propos de Joelle

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6 commentaire

  1. Bel article, très poète, un soupçon d\’érotisme,Faut arrêter les bigorneaux Joëlle :D

  2. Merci ! Viviement la suite !
    C’est l’Edel 2 jaune qui est en photo ? Je crois l’avoir vu il y a quelques années à Binic (22) …

  3. (Mais OUI Philippe!) C’est bien bien mon KRAK-HOUAT que tu as aperçu au port de Binic!
    Moi aussi il me tarde que la suite soit publier, même si je la connais « cette suite »… Mais un plaisir immense de partager mon histoire avec vous tous…
    Bonne lecture! 8)

    Almo, dans les bigorneaux, même la tête est bonne! :zzz

  4. Je me souviens très bien de ce bateau ! Il attirait l’attention ! Mais je ne l’ai jamais vu ni en régate, ni en promenade … :-)

  5. Et OUI Philippe!
    Très peut de sorties avec mon boat pour des raisons que j’explique « plus loin » dans mon récit…
    Les marées, donc ouverture des écluses, la météo, et des entrainements pour la réalisation d’un défi nautique… Mais chuttttttt j’en dit pas plus! :-?

  6. (hublots) Bonsoir, je viens de lire tes lignes et je me suis trouvé très intéressé par tes hublots. J’ai le plaisir de posséder un Edel II et les hublots sont tellement craquelés qu’ils me fichent un peu la trouille en cas de vague un peu fortes! Je cherche dons à changer mes hublots. Comme mon bateau est en Grèce, j’aurais aimé gagner une année en fabriquant mes hublots ici en France pour les monter cet été. Seul obstacle de taille: je n’ai pas les dimensions ni la forme des hublots en question. Aurais-tu encore les plans? pourrais-tu me les fournir? En attendant une réponse de ta part, je te prie de croire à mon edeliste amitié. Mon adresse mail: dcarray@orange.fr ce serait peut-être plus facile pour correspondre! MERCI.

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